Face à la prolifération des arnaques en ligne et aux stratagèmes sophistiqués utilisés par les escrocs pour voler des informations sensibles, le gouvernement adopte une approche novatrice pour contrer ces pratiques frauduleuses et protéger les utilisateurs d'internet.
Le ministre délégué chargé de la Transition numérique, Jean-Noël Barrot (Modem), propose des mesures pour lutter contre les arnaques en ligne et les SMS frauduleux qui sont devenus courants. Il souhaite en particulier s'attaquer aux « ingénieurs du chaos », qui sont des groupes criminels exploitant la confiance excessive des internautes. Un projet de loi a été présenté lors du Conseil des ministres du mercredi 10 mai, et sera soumis au Sénat cet été, puis à l'Assemblée nationale. L'objectif est de mettre fin aux arnaques en ligne avec plus d'efficacité.
Les arnaques bientôt punies pour de bon
Le gouvernement français a élaboré un projet de loi pour créer un « filtre national de cybersécurité grand public » visant à protéger les internautes contre les sites web malveillants et les arnaques en ligne. Un organisme administratif sera chargé de surveiller ce système et de constater les infractions en ligne commises sur des sites spécifiques. Ces infractions incluront des activités telles que l'usurpation d'identité, la collecte frauduleuse de données personnelles, le piratage informatique et les escroqueries liées aux paiements. Une fois l'infraction constatée, l'autorité pourra signaler l'adresse du site aux fournisseurs d'accès et aux éditeurs de navigateurs pour empêcher l'accès à cette adresse et avertir les utilisateurs du risque encouru lorsqu'ils tentent d'y accéder. Le blocage durera au moins sept jours, mais pourra être prolongé jusqu'à ce que l'infraction cesse.
L'autorité pourra envoyer un courrier à l'éditeur du site, afin de le tenir informé de la situation. Des recours sont possibles, l'éditeur pourra ainsi envoyer des observations et des contestations. Une personnalité qualifiée sera chargée de contrôler les décisions de l'autorité administrative. Le texte prévoit également un volet transparence, avec notamment un rapport annuel, indiquent les différentes mesures prises par l'autorité en charge du blocage.
L'autorité administrative sera autorisée à adresser une correspondance à l'éditeur du site afin de l'informer de la situation. Des mécanismes de recours seront mis en place, permettant à l'éditeur de soumettre des observations et des contestations. Une personnalité qualifiée sera désignée pour superviser les décisions prises par l'autorité administrative. Le projet de loi fait partie de la feuille de route des "100 jours" d'Emmanuel Macron et nécessitera un travail en commun de plusieurs acteurs pour être mis en place.
Une extension pour prévenir les utilisateurs des liens suspects
Initialement, il était prévu que le « filtre anti-arnaque » prenne la forme d'une extension facultative pour les navigateurs web tels que Chrome, Edge, Safari, Firefox, etc. Cette extension aurait pour fonction de filtrer les sites web en fonction de leur niveau de dangerosité et d'avertir les internautes en temps réel. Depuis lors, le projet a fait des progrès significatifs et une "task force" a été mise en place par le gouvernement pour le mener à bien. Ainsi, le projet avance et se concrétise.
Le directeur de Cybermalveillance, Jérôme Notin, a précisé que ce filtre n'éradiquera pas les spams ou les mails malveillants. Mais il avertira les internautes lorsqu'ils cliquent sur des liens dangereux en les bloquant ou en mettant en avant leur nocivité avec une notification. En d'autres termes, il ne va pas bloquer les tentatives d'hameçonnage, mais plutôt limiter les conséquences de ces tentatives.